Extraits de Perturbation du caractère - Excerpts from Character Disturbance

Esote

Dagobah Resident
[Co- traduction avec Maat, non corrigée...]


Quelques observations très importantes de George Simon dans son dernier livre "Character Disturbance, a phenomenon of our age" (« Perturbation du caractère, un phénomène de notre époque »). Cet ouvrage apporte beaucoup d’éléments à propos de psychopathologie en termes très clairs avec des exemples utiles, non seulement pour la détection de pensées pathologiques chez les autres, mais aussi pour leur observation en soi-même, ainsi que pour déduire des choses au sujet de ses propres croyances fondamentales à travers son propre comportement.

- Extraits -

Voici l'un des principes fondamentaux du paradigme cognitivo-comportemental : il existe une relation indissociable entre les croyances fondamentales de la personne, les attitudes qu’engendrent ces croyances, les modes de pensée auxquels prédisposent les diverses croyances et attitudes, et la façon dont la personne aura tendance à se comporter en raison de sa pensée.

Nos pensées influencent fortement nos actions.

Les individus perturbés n'agissent pas comme la plupart des gens, en grande partie parce qu'ils ne pensent généralement pas comme les autres. Ils n’ont souvent pas les mêmes valeurs, n’ont pas les mêmes attitudes, ne partagent pas les mêmes croyances de base... Leur façon de penser est marquée par une vision « faussée » de la réalité et un sens de responsabilité limité.

La façon de penser des individus perturbés se reflète toujours dans leur manière d’agir. Leurs modes de pensée peuvent également se dégager des choses qu’ils disent, mais dans une moindre mesure. C'est parce que les choses qu'ils disent ne reflètent pas nécessairement les croyances qu'ils détiennent avec certitude. C'est un fait très important à retenir.

Les distorsions cognitives des caractères déséquilibrés peuvent représenter des croyances réelles mais erronées. Parfois, ils ont développé ces croyances à travers un oubli total de la façon dont la plupart des gens pensent au sujet des choses. Mais mon expérience m'a appris que des caractères perturbés peuvent aussi entretenir leurs points de vue pervertis avec une pleine conscience de la façon dont les gens peuvent penser dans la même situation.

Je suis aussi frappé par la fréquence avec laquelle la littérature scientifique classe les types d'erreurs de pensée des individus perturbés en les basant simplement sur les choses qu'ils disent fréquemment. C'est problématique car ce qu'ils disent ne reflète pas nécessairement ce qu’ils pensent vraiment !

Parfois ils disent des choses pour faire croire à d’autres personnes qu'ils pensent d'une certaine manière, ce qui est une technique de manipulation. En réalité, leur comportement est un indicateur beaucoup plus fiable de leurs véritables attitudes et pensées.
Certains de ces caractères déséquilibrés ont vraiment été élevés dans des environnements si pauvres dans de multiples domaines que leurs croyances sur la nature du monde et comment s’y comporter sont devenues, ce qui se comprend, plutôt biaisées. Ainsi, ils ont développé des modes de pensée et des attitudes que ne partagent pas la plupart des personnes responsables.

Demandez à ces gens ce qu'ils pensaient quand ils ont eu certains comportements inopportuns, et ce qu'ils vous disent est réellement ce qu'ils croient, aussi irrationnel que cela puisse sembler. Mais avec de nombreux caractères désordonnés, les choses qu’ils vous disent, ainsi que les choses qu'ils se disent à eux-mêmes, ne sont rien de plus qu’une partie d'un complexe « jeu de dupe. » Ces gens savent très bien comment la plupart des gens pensent et à quel point leur prétendu mode de pensée est en dehors des normes. Mais ils se réclament avec ténacité de leur point de vue contraire pour se justifier eux-mêmes et leurs actions. Ils essaient d’entraîner les autres vers l'idée que leur comportement a un certain fondement rationnel autre que la simple intention de tromper.

Parfois, à force d’avoir menti si souvent ils peuvent même réussir à se duper eux-mêmes sur le point de vue déformé qu'ils avancent ; mais ils se dédieront souvent de leurs affirmations ridicules si elles sont fermement contestées. Par exemple, un homme qui bat sa femme régulièrement peut très bien savoir quels sont les sentiments de la société dans son ensemble à propos de la violence des conjoints envers les femmes. Néanmoins, il peut essayer de justifier son comportement en se plaignant constamment que sa femme est une « garce » rancunière qui l’y incite tout le temps. Donc elle « y a droit » quand elle en arrive à lui « manquer de respect » à un point tel que personne ne pourrait le supporter. Ce type de délinquant peut très bien savoir comment la plupart des gens verrait sa situation. Et il sait probablement aussi très bien qui est l'agresseur et qui est la véritable victime. Néanmoins, un tel personnage peut faire tout son possible pour convaincre l'autre d'adopter le point de vue qu'il est en quelque sorte la victime et donc que ses actions sont « justifiées »; pas tant parce qu'il a besoin ou veut une reconnaissance, mais parce que s'il peut vous amener à accepter au moins une partie de son argumentation, il réussit à se placer sous un angle légèrement plus favorable. Vous pourriez alors voir en lui une âme ignorante et peut-être induite en erreur qui simplement « ne sait pas » comment considérer les femmes ; Il a seulement besoin de mieux apprendre. Ce n'est pas vraiment une personne qui « comprend » déjà très bien mais qui refuse avec véhémence d’ adopter les normes qu’il sait que la société veut lui faire accepter. En réalité, il ne veut pas être catalogué à juste titre par les autres comme la personne dangereuse qu’une telle attitude fait de lui.

Je ne peux exagérer l'importance d'être sceptique face à ce que les caractères déséquilibrés disent. N'oubliez pas, une grande partie du temps ils sont engagés dans un jeu de manipulation et de contrôle des impressions.
Rapidement dans mon travail, j'ai interrogé des abuseurs d'enfants qui ont essayé d'avancer l'idée que leur toucher inapproprié de leurs victimes n'était pas motivé par un désir sexuel aberrant ; en fait c'était une tentative insensée et malavisée d'« apprendre » aux enfants le comportement sexuel. Je me suis demandé « Croient-ils vraiment ce qu'ils disent ? » Les manuels thérapeutiques que j'avais lu semblaient considérer ce type de pensées comme une vraie croyance entretenue devant être corrigée en « éclairant » le délinquant. Avec cette perspective, le but du traitement était de les éduquer aux dommages causés à l'enfant et les aider à surmonter le « déni » des autres motivations dont ils faisaient l'expérience, comme leurs pulsions déviantes. Mais j'ai finalement appris que la plupart du temps, les abuseurs qui disaient de telles choses ne croyaient pas vraiment ce qu'ils disaient. Ils espéraient que je croirai qu'ils le croyaient de sorte que je n'attribuerai à leur comportement ni le degré approprié de malveillance ni la motivation exacte (par exemple, l'intérêt sexuel pour l'enfant). Si je gobais leur excuse, je pourrais, par exemple, les considérer comme des âmes égarées sous-éduquées qui ont fait une stupide erreur au lieu de prédateur pédophile ou de psychopathe impitoyable. Ainsi, la pensée qu'ils renvoyaient avec leurs paroles n'était pas vraiment une croyance. Encore plus important, leur dénaturation des faits n'était pas basée sur le « déni », la honte ou la culpabilité. En fait, une culpabilité ou une honte réelles les auraient empêché de passer à l'acte pour commencer. Au lieu de cela, la justification « tordue » qu'ils fournissaient n'était qu'une simple tentative de manipuler les impressions d'autrui.

Un abuseur d'enfants enrôlé dans un programme thérapeutique obligatoire m'a dit spontanément qu'il savait que son mode de pensée était « tordu ». Il m'a expliqué qu'avant le traitement, il croyait faussement que ses actions étaient en fait correctes. Les comportements incestueux, disait-il, étaient si courants dans sa famille élargie qu'il a vraiment cru que c'était « normal ». C'était assez rationnel. Mais étant le sceptique que j'avais appris à être, j'ai creusé un peu. J'ai appris que non seulement un tel comportement n'était pas « normal » dans sa famille mais aussi, à cause de l'indignation et de la suspicion des membres de sa famille, il s'était donné beaucoup de mal pour camoufler ses actes. Après l'avoir confronté, il a avoué avec réticence qu'il savait très bien que ça « sonnait mieux » de se présenter comme le produit d'un environnement anormal qui ne connaissait tout simplement pas autre chose. Une fois encore, ses actes (ce qu'il a fait pour empêcher d'être découvert) étaient l'indicateur le plus fiable de sa vraie pensée.

Principales Erreurs de Pensée


Dans les diverses personnalités au caractère perturbé, certaines erreurs de pensée sont plus courantes que d'autres et tendent à se conglomérer avec les autres. Les principaux modes de pensée problématiques sont :

Pensée égocentrique – Le caractère perturbé est presque toujours préoccupé par et pour lui-même. Quelle que soit la situation, il s'agit toujours de lui. Il se retrouve fréquemment à penser à des choses qu'il veut car c'est ce qui est important pour lui. Il pense difficilement à ce que quelqu'un d'autre pourrait vouloir ou avoir besoin car il y attache très peu d'importance. Parce qu'il pense que le monde entier tourne autour de lui, il croit que c'est le devoir des autres de placer ce que lui désire ou ce qui l'intéresse au-dessus de tout le reste.

Quand il veut quelque chose, le caractère malade ne considère pas non plus si c'est juste, bien, légal, ou si cela pourrait affecter négativement autrui ; il ne se préoccupe que de ce qu'il veut. Son souci constant pour lui même et les choses qu'il désire favorise une attitude d'indifférence vis-à-vis des droits, besoins, désirs et attentes d'autrui. Une telle attitude nourrit un mépris total des obligations sociales. Dans certains cas, comme le note Samenow, il y a un dédain fervent et un refus total d'accepter les obligations. Le caractère perturbé est tellement centré sur lui-même qu'il croit que le monde lui doit tout et qu'il ne doit rien au monde. Une telle pensée est la raison pour laquelle le caractère perturbé développe une attitude d'ayant-droit. Il a des attentes très fortes vis-à-vis d'autrui mais ne voit pas pourquoi il devrait se soumettre lui-même aux attentes des autres et de la société en général. Ses modes de pensée égocentriques, ses attitudes et les comportements qui s'ensuivent le poussent à mener une vie extrêmement centrée sur soi.

Pensée possessive
– Les caractères perturbés tendent à considérer leurs relations comme des possessions qui leur appartiennent légitimement ; ils devraient pouvoir faire ce qu'ils veulent de ces gens. Ce type de pensée accompagne fréquemment la Pensée Insensible : le caractère perturbé tend à objectiver les autres (c-à-d les considérer comme de simples objets ou des pions que l'on manipule au lieu d'individus de valeur avec qui l'on doit former une relation d'égal à égal). La pensée possessive et insensible favorise une attitude déshumanisante. Il devient alors plus probable que le caractère perturbé considérera les autres non pas comme des êtres humains mais comme des objets de plaisir, des vecteurs pour obtenir les choses qu'il veut ou simplement des obstacles potentiels sur leur chemin qui doivent être retirés.

La pensée possessive et insensible fait qu'il est impossible pour le caractère perturbé de considérer les autres comme des individus avec des droits, des besoins, des limites ou des désirs propres et des êtres dignes qui méritent respect et considération. Une telle pensée est poussé à son extrême la plus pathologique chez la personnalité agressive prédatrice ou « psychopathique ».

Pensée extrême (Tout ou Rien)
– Les caractères perturbés voient fréquemment les choses en noir ou blanc, en tout ou rien. Ils peuvent adopter le point de vue que s'ils ne peuvent pas obtenir tout ce qu'ils demandent, ils n'accepteront rien du tout. Si quelqu'un n'est pas d'accord avec tout ce qu'ils disent, il deviendra pour eux sans valeur et indigne d'être écouté. S'ils ne se voient pas eux-mêmes complètement au sommet avec un contrôle total, ils s'attribueront le rôle du sous-fifre sous la domination de quelqu'un d'autre. Cette façon de penser erronée fait qu'il leur est pratiquement impossible de développer un sens raisonnable des concessions mutuelles dans leurs relations. Cela provoque une attitude intransigeante qui compromet leur capacité à développer tout sens de modération dans leurs modes comportementaux.

Pensée distraite
– Certains chercheurs désignent cette erreur de pensée par le terme de « filtre mental » car les caractères perturbés « filtrent » sélectivement ce qui se passe autour d'eux, ne font attention et ne tiennent compte que des choses qu'ils veulent et ignorent tout le reste. Ils entendent ce qu'ils veulent entendre, retiennent ce dont ils veulent se rappeler et apprennent ce qu'ils veulent apprendre. Ils s'investissent intensément dans des choses qui les intéressent ; mais ils méprisent activement ce dont ils se fichent même s'ils peuvent être tout à fait conscients que les autres veulent qu'ils fassent plus attention à ces choses. Ils utilisent la tactique d'évitement de responsabilité de l'attention sélective (discutée plus loin) : ils « zappent » quelqu'un qui essaye de leur apprendre une leçon ou n'écoutent qu'à moitié à chaque fois qu'ils entendent quelque chose qu'ils n'apprécient pas. Ils font cela le plus souvent quand les autres les exhortent à se soumettre à des valeurs et des normes de comportement pro-sociales. Aussi, cette façon de penser erronée est la principale raison pour laquelle ils développent des attitudes à la fois je-m'en-foutiste et antisociales. En retour, leurs attitudes désinvoltes et antisociales les prédisposent à des comportements chroniques et inébranlables en conflit avec les principales normes sociales.

Pensée trompeuse (illusoire) – Les caractères perturbés sont enclins à voir les choses comme ils le veulent et non comme elles le sont vraiment. Deux de leurs caractéristiques fondamentales – la facilité avec laquelle ils mentent et leur résistance aux exigences de leur environnement – les poussent à déformer la réalité de la plupart des situations. Ça n'est pas qu'ils ne savent pas la vérité mais ils ne veulent tout simplement pas que la réalité se mette en travers de leur chemin. Ils se mentent à eux-mêmes avec la même facilité qu'ils mentent aux autres. Ils changent leurs perceptions et déforment la réalité afin de ne pas avoir à modifier leur position, changer de point de vue ou remettre en question leur façon de faire habituelle. Parfois, ils vivent dans un monde sortant de leur propre imagination, adhérent à la croyance que « si on y pense, cela arrive ». Leur détermination à faire de la réalité ce qu'ils en veulent engendre une attitude omniprésente de dédain envers la vérité.

La pensée illusoire n'est pas la même chose que le « mécanisme de défense » du Déni. Ce dernier est une défense inconsciente contre une douleur émotionnelle insupportable. La déformation et la dénaturation des faits délibérées et intéressées sont certainement de mauvaises habitudes, tout comme des moyens d'éviter la responsabilité, mais elles ne sont pas le résultat d'un état psychologique altéré.

Souvent, la pensée illusoire accompagne la « tactique » d'évitement de responsabilité et de manipulation qu'est le déni (c-à-d le déni délibéré de responsabilité ou d'intention malveillante dans le but de manipuler ou de diriger les impressions d'autrui). Nous en discuterons dans le chapitre suivant. Mais à nouveau, c'est une sorte de déni entièrement différent.

Lors de mes recherches pour mon premier livre In Sheep's Clothing [Déguisé en Agneau – NdT], j'ai conseillé de nombreux individus au caractère perturbé qui au départ refusaient l'idée qu'ils puissent avoir un quelconque réel problème. Par exemple, un patient envoyé dans un Stage de Gestion de la Colère (ce que, soit dit en passant, j'ai toujours traduit par stage de substitution d'agression) peut soutenir : « J'y ai vraiment pensé Doc. Si vous voulez savoir l'absolue vérité, je ne pense vraiment pas qu'il y ait un problème. » Il peut faire cette déclaration malgré une véritable montagne de preuves du contraire apportées par ceux qui l'ont poussé à consulter en premier lieu. Il peut même maintenir cette assertion malgré une litanie de problèmes relationnels remontant à plusieurs années qui témoigne d'un manque de maîtrise de soi émotionnelle. Ce genre de choses soulève toujours la même question dans l'esprit des autres : « Ne voit-il simplement pas le problème ? »

En fait, la plupart du temps, il le voit très bien mais il n'est pas vraiment motivé à s'en occuper et à y changer quoi que ce soit alors il essaye de se justifier et de faire en sorte que les autres lui fichent la paix en suggérant qu'il n'y a aucun problème. D'autres fois, il s'est menti à lui même depuis si longtemps et si souvent qu'il a commencé à croire ses propres mensonges. Et aussi, à d'autres moments, il a tellement tordu et déformé tant d'aspects des réalités de la vie qu'il ne sait plus ce qui est réel.

C'est l'un des bénéfices qu'apporte le paradigme de la Thérapie cognitivo-comportementale dans la relation d'aide avec des caractères perturbés : en se focalisant sur des comportements dont on peut objectivement vérifier qu'ils sont des problèmes préoccupants, les croyances déformées d'une personne deviennent automatiquement évidentes. Une fois que les comportements problématiques sont identifiés et exposés au grand jour, l'attention peut être portée sur les manières de penser qui ont engendré ces comportements en premier lieu.

Pensée impulsive – Les caractères perturbés pensent principalement à ce qu'ils veulent sur le moment. Ils ne se donnent pas la peine de penser à long-terme ou aux probables conséquences éventuelles de leur comportement. Ils ne pensent pas avant d'agir. Ils agissent d'abord et parfois ils pensent après. Certains caractères perturbés ne regrettent jamais leurs actes impulsifs. D'autres, cependant, ressentent un certain regret après-coup. Ils peuvent même savoir d'après leurs expériences passées qu'ils finiront par regretter d'avoir fait un choix impulsif mais ça n'est jamais une considération sérieuse au moment où ils veulent quelque chose. Ils ne perdent pas de temps à penser à l'impact potentiel de leur comportement avant d'agir. Ils ne pensent qu'à ce qu'ils veulent et comment l'obtenir. Ce type de pensée les prédispose à penser à court-terme et à ignorer les conséquences à long-terme éventuelles. Cela favorise également une attitude désinvolte « je-m'en-foutiste », indifférence, négligence et nonchalance.

Pensée égomaniaque – Les caractères perturbés pensent beaucoup trop à eux-mêmes. Par moments, ils pensent qu'ils sont tellement intelligents, ingénieux ou « spéciaux » qu'ils peuvent faire ce que la plupart des gens n'essaierait même pas en rêve et pourtant s'en sortir. Ils tendent à se considérer si importants ou supérieurs qu'ils méritent des choses que les autres ne méritent pas. Ils considèrent souvent qu'utiliser la malice ou leur talent pour la manipulation afin de prendre des choses plutôt que de les mériter réellement témoigne de leur grandeur. Cette façon de penser erronée à propos d'eux-mêmes ainsi que leur sentiment pathologique grandiose de suffisance engendrent inévitablement des attitudes d'arrogance, de supériorité et plus particulièrement d'ayant-droit. Dans certains cas extrêmes, leur sentiment d'avoir le droit de tout les prédispose à commettre des actes de cruauté inqualifiable envers les autres.

Ces dernières années, de grands changements dans les normes culturelles ont renforcé la tendance à la pensée égomaniaque. Il n'est pas inhabituel que des jeunes soient bombardés de messages prétendant qu'ils sont « spéciaux » simplement parce que leur cœur bat. C'est parce que des individus bien attentionnés (par ex des enseignants, des parents et même des professionnels de la santé mentale) sont imbibés de psychologie de la vieille école, pensent qu'il est simplement impossible pour une personne d'avoir trop d'estime de soi et que tout le monde seraient émotionnellement plus sains s'ils recevaient des messages fréquents de validation. Mais ces gens bien attentionnés n'ont probablement pas pensé à cela : lorsqu'on ne tarit pas d'éloges envers des gens pour ce qu'ils sont et non pour ce qu'ils font, on leur rend un très mauvais service dans la mesure où ils ne développeront pas un sentiment sain d'amour-propre.

Pensée orgueilleuse — Il y a quelques années, une publicité de télévision a mis en vedette une personnalité sportive m’as-tu vu qui faisait la promotion d’une caméra de luxe en vantant les qualités supérieures de ses prises de vues avec le slogan: « après tout, l’image est tout. » Les caractères perturbés font de ce postulat une croyance fondamentale et le poussent souvent jusqu’aux extrêmes les plus pathologiques. Les caractères perturbés ont tendance à penser qu'il n'y a rien de pire que de reconnaitre une erreur, de revenir en arrière ou de l’admettre, parce que ça les fait paraitre inadaptés ou « faibles ». Ils placent leur image au-dessus de tout le reste. Ils pensent d’une façon si orgueilleuse que leur capacité à développer des relations fondées sur la considération mutuelle est très réduite. Au lieu de reconnaitre leurs lacunes ou leurs erreurs et de les corriger, ils résistent au changement tout en développant une grande variété de comportements dans le but de contrôler l'impression que les autres ont d'eux. Le plus souvent ils ne céderont pas, même lorsqu'ils savent pertinemment qu'ils sont à côté de la plaque.
Voici une raison importante pour laquelle ils s'engagent dans ce contrôle incessant des impressions: ils ne veulent pas que qui que ce soit sache vraiment qui ils sont ou « avoir leur numéro. » Cela mettrait les relations interpersonnelles au même niveau, les privant de leur position avantageuse qu’ils cherchent toujours à maintenir dans leurs relations. Ils pensent qu’ils ne perdront pas seulement leur avantage mais aussi leur prestige s'ils se montrent vraiment tels qu’ils sont, ou s’ils admettent des faiblesses humaines normales ou des échecs.

La pensée orgueilleuse classique favorise le développement de la vanité et les attitudes de fierté, d'arrogance et de fatuité. Pensant qu'il peut ne jamais vraiment reconnaître une erreur empêche le caractère perturbé de profiter de l'expérience, surtout quand la vie essaie de lui donner une leçon. Avant que les gens puissent vraiment corriger leurs modes de comportement à problème, ils doivent admettre humblement qu'ils ont ce problème. Et d'admettre un problème revient à admettre une lacune. La pensée orgueilleuse est un obstacle majeur à la reconnaissance ou à la correction de n’importe lequel des nombreux comportements sociaux problématiques communs au caractère perturbé.

Pensée hédoniste — Les caractères perturbés accordent une importance capitale à la poursuite du plaisir. Ils ne font rien sauf s’il y a quelque chose pour eux, et ils veulent que ce quelque chose soit agréable. Ils ont tendance à avoir besoin de stimulation et d’excitation et ont une aversion totale pour ce qu'ils considèrent comme étant ennuyeux, fastidieux ou banal. Ils apprécient leur confort et détestent les inconvénients. Ils pensent que la vie leur doit du bon temps, et qu'une vie sans une suite continue de « hauts » est une vie qui n’en vaut pas la peine. Il s'agit d'une erreur très grave de la pensée qui parfois les pousse à s'engager dans des comportements téméraires, à la recherche de sensations fortes. Cela les mène également au fil du temps à développer une attitude d'intolérance extrême pour tout type de douleur potentiellement constructive ou d'inconfort.

Pensée déraisonnable — Les caractères perturbés sont très peu réalistes dans leur réflexion sur la vie et le monde autour d'eux. Ils ont aussi tendance à avoir des aspirations excessives. Mais leurs points de vue déraisonnables et leurs attentes sont habituellement très partiales. Ils ont tendance à établir des normes pratiquement inaccessibles pour tout le monde, tout en ne ressentant aucune obligation rétrospective de s’adapter aux attentes sociales générales que la plupart d'entre nous aimerait les voir accepter.
Les caractères perturbés attendent beaucoup de leur gouvernement, de leur patron, de leurs conjoints et enfants et de la part de toute autre personne qui est en relation avec eux d’une manière ou d’une autre. Et ces attentes sont la plupart du temps pitoyablement irrationnelles. Ils espèrent que d'autres vont leur faire confiance bien avant qu'ils aient eu le temps de donner des preuves qu'ils peuvent vraiment être dignes de confiance. Ils s'attendent à ce que les autres prêtent attention à leurs désirs et à leurs besoins et qu’ils répondent à leurs caprices. Ils s'attendent à ce que les choses aillent dans leur sens — tout le temps. Ils attendent beaucoup de tout le monde, rendant généralement toute relation très stressante.

Si les caractères les plus perturbés pouvaient s’attendre à être personnellement confrontés aux normes mêmes qu’ ils exigent de tout le monde, il ne serait pas aussi difficile de vivre ou de travailler avec eux. Qui plus est, s’ils s’imposaient le même genre de normes qu'ils essaient d'imposer aux autres, ils n’auraient pas autant de ces comportements antisociaux et autres dont ils font souvent preuve.
Les caractères perturbés n'ont aucun sens de l'équilibre, de l'équité ou du compromis. De penser d’une manière si déraisonnable les amène finalement à développer une attitude d’exigence rigoureuse. Les demandes irréalistes qu'ils imposent dans une relation sont une source très fréquente de conflit et de détresse relationnelle. Il n’y a pas moyen qu’un partenaire puisse les raisonner. Leur mode de pensée est trop axé sur ce qu’ils attendent d'autrui pour être redirigé sur ce qu'ils pourraient faire différemment pour satisfaire leurs désirs et leurs besoins.

Pensée non pertinente — Les caractères déséquilibrés vont souvent se concentrer sur les aspects petits, mesquins, des situations mais ignorer les choses les plus importantes, ou la « vue d’ensemble ». Ils vont ne pas être d'accord avec leur patron, le gouvernement, ou avec leurs partenaires sur des futilités alors qu’ils ne prêteront pas attention aux choses qui sont vraiment importantes. Lorsque quelqu’un critique leur comportement, ils s’en tiennent à un « vice de forme » ou à une petite inexactitude tout en ignorant la réalité dans son ensemble. Par exemple, ils peuvent se plaindre qu'un patrouilleur d'autoroute a déclaré qu’ils avaient fait un dépassement de limite de vitesse beaucoup plus grand qu'il ne l’était réellement, tout en ignorant totalement le fait qu'ils avaient une conduite téméraire qui mettait les autres en danger. Leur attention habituelle sur des choses qui ne sont pas vraiment pertinentes les amène à développer des attitudes de mesquinerie et de frivolité. La pensée non pertinente a aussi tendance à cohabiter avec les modes de la pensée externe et de la pensée de malchance.

Pensée externe — Les caractères perturbés porteront souvent leur attention sur des choses hors de leur contrôle. Ils se plaindront des actions ou des opinions des autres et investiront beaucoup d'énergie émotionnelle dans des choses sur lesquelles ils n’ont aucun pouvoir. J'appelle ce genre de pensée la pensée externe. Lorsque les choses vont mal, les individus perturbés ne prennent pas le temps ou l’énergie de penser aux changements qu'ils pourraient apporter dans leur propre comportement pour améliorer les choses. Au contraire, ils se focalisent sur les circonstances extérieures. Ils font ce que les professionnels de la santé mentale appellent des attributions externes au niveau de la causalité des événements. C'est-à-dire qu’ils attribuent la causalité des événements à des sources externes (c.-à-d. qu’ils en rendent responsables ces dernières). Cela alimente leur penchant à accuser les autres et les circonstances — alors qu’ils devraient s’examiner sérieusement. Ce type de pensée intervient fréquemment dans la tactique d'évitement de responsabilité qui consiste à blâmer les autres (plus à ce sujet dans le chapitre suivant). Mettre l'accent sur des événements externes et des facteurs externes génère une attitude d'irresponsabilité ainsi que des attitudes négatives et pessimistes vis-à-vis du monde. Cela alimente aussi une tendance à avoir des comportements hostiles et accusateurs envers les autres.

Pensée de « malchance » — Les caractères perturbés se dépeignent souvent, et parfois même se considèrent, comme victimes des circonstances plutôt que comme des personnes responsables de leurs propres actes et des conséquences de ces actes. Souvent, ils se complaisent dans leurs sentiments de pitié, désolés pour eux-mêmes et pour les « traitements cruels » dont ils imaginent être victimes. Ce type de pensée conduit à des attitudes d'amertume et de ressentiment. C'est une des raisons pour lesquelles les caractères perturbés ont déjà un poids assez important sur leurs épaules dès le début de leurs relations.

Pensée de fin de partie — Certains caractères perturbés sont toujours en train de penser aux résultats. Les personnalités agressives en particulier sont des individus très axés sur les objectifs. Ce qui en soi n'est pas si mal. Le problème est qu'ils ne réfléchissent pas beaucoup à la façon dont ils vont obtenir les choses qu'ils veulent. Ils ont tellement tendance à croire qu’ils ont droit à tout ce qu'ils désirent, qu’ils pensent que la fin justifie toujours les moyens qu'ils emploient pour réaliser leurs souhaits. La pensée de fin de partie est de l’étroitesse d’esprit. Si une personne limite sa pensée uniquement sur le but à atteindre ou sur un résultat à obtenir, elle est susceptible de ne pas donner suffisamment d'attention à la façon de bien ou de mal faire pour y arriver. En raison de leurs autres caractéristiques, les caractères perturbés vont souvent duper, tricher, voler et manipuler pour atteindre leurs objectifs. Leur façon de voir est que si d'autres sont si crédules ou si faibles qu'ils peuvent en profiter facilement, c’est une victoire juste. Après tout, pour le caractère perturbé, il s’agit avant tout de gagner. Ce qu'il faut faire pour gagner et ce qu'il pourrait finir par en coûter ne rentre pas en considération.

La pensée de fin de partie est simplement une des erreurs mentales qui, au fil du temps, favorisent le développement d'une attitude antisociale. Penser seulement à ce que l'on veut, et ne pas réfléchir suffisamment pour savoir quel est le meilleur moyen d’y arriver, ou qui pourrait en subir les conséquences, est une recette certifiée de comportements socialement irresponsables.

Pensée facile et rapide— c'est peut-être l'une des façons de penser les plus insidieuses mais omniprésentes dans lesquelles les caractères perturbés s'engagent fréquemment. Les caractères déséquilibrés recherchent toujours les raccourcis. C'est parce que ces individus détestent le travail et l’effort, plus particulièrement le genre communément appelé « travaux altruistes »[labors of love] (c'est-à-dire investir du temps et de l’énergie dans une entreprise principalement au profit de quelqu'un d'autre ou au bénéfice à long terme de tous). Donc, quand ils veulent quelque chose, les caractères perturbés pensent souvent à savoir par quel moyen facile et rapide ils l’obtiendront. Parfois, ils considèrent même comme une question d'honneur de parvenir à soutirer quelque chose à quelqu'un plutôt que d’y arriver légitimement par un vrai travail. Le caractère perturbé préfère de loin tricher plutôt que mériter.

Voulant toujours quelque chose pour rien, les caractères perturbés cherchent à payer le moins possible pour les choses de la vie qui ont le plus de valeur. Les individus les plus déséquilibrés parmi nous tenteront d’obtenir un «respect instantané» sous la menace d'une arme; mais ils ne lèveront pas le petit doigt pour gagner un véritable respect de la part des autres, en améliorant leurs propres caractères et en apportant une contribution significative à la société. Ils veulent de la confiance sans être disposés à faire les choses qui engendrent habituellement la confiance. En bref, ils veulent toutes sortes de choses qui ont de la valeur, mais ils ne sont tout simplement pas prêts à payer pour elles.

Même s'ils détestent le travail et l'effort, les caractères perturbés dépenseront parfois de l’énergie, surtout quand ils pensent (1) qu’il y a quelque chose pour eux, (2)que la récompense sera relativement rapide, ou (3) que leurs efforts leur permettront de tirer profit des autres. Cependant, comme je l'ai dit plusieurs fois dans mes sessions de formations, en général, leurs attitudes à l'égard du travail et leur désir de récompense immédiate les amène seulement à considérer le T-R-A-V-A-I-L comme le mot à six lettres le plus détestable qui soit. Leur façon de penser et de se comporter engendre une attitude généralisée de manque de respect pour la valeur du travail et de l’effort. Ces attitudes leur permettent de voir ceux qui ont travaillé dur et qui ont réussi comme simplement très « chanceux » et indignes de respect. Ces attitudes rendent également plus facile pour eux de justifier leurs tentatives de prendre quelque chose qu'ils n'ont pas légitimement mérité.

Pensée soupçonneuse — Les caractères perturbés ont souvent du mal à concevoir comment gagner la confiance des autres honnêtement ou à juger de la fiabilité des autres. Tout comme les chercheurs tels que Samenow l’ont noté, ils n'ont aucune idée de ce qu’est la confiance ou comment la gagner. Ils ont aussi tendance à penser que tout le monde est aussi malhonnête qu'eux-mêmes. Ainsi, ils croient qu'ils doivent se jouer des autres avant que les autres se jouent d’eux. Quand d'autres font une erreur négligeable ou se trompent sans le faire exprès, ils en font un mensonge. Pourtant quand ils mentent eux-mêmes — même grossièrement — ils le banalisent, avec pour argument que tout le monde le fait. Ils pensent qu'ils ne devraient pas avoir à gagner la confiance des autres en démontrant de manière claire et répétée leur honnêteté, un engagement de principe et une volonté de respecter la vérité. Ils pensent également que s'ils disent la vérité une fois, les autres devraient les croire sans réserve et pour toujours. Mais si quelqu'un d'autre fait ou affirme la moindre petite chose qui ne leur semble pas correcte, ils se méfieront d’eux pour toujours. Ce type de pensée conduit à des attitudes de suspicion, de retrait et d’enfermement.

Pensée opportuniste — Les caractères perturbés ne réfléchissent pas à la justesse ou à l’inconvenance de quelque chose quand ils voient une opportunité de gain personnel ou de profit. Leur principale préoccupation est de savoir comment ils peuvent exploiter la faiblesse d'une personne ou profiter d'une situation pour leur propre avantage. Ils reconnaissent vite la bonne occasion dès qu’elle se présente. Ce sont également des experts dans la mise en place subtile de moyens pour abuser ou exploiter les autres.

Certes, nous ne pouvons pas réussir dans la vie si nous n’y sommes pas préparés et désireux de profiter de l'occasion lorsqu'elle se présente. Mais d’être toujours à la recherche de possibilités de profit personnel, sans tenir compte de l'impact que ça peut avoir sur tous les autres, peut être un très gros problème. Il suffit de voir comment les cadres cupides de Wall Street ont profité des possibilités de s’enrichir de façon spectaculaire, tout en sachant que la « bulle » finirait par éclater. Ils ont ruiné le bien-être économique du pays.
L’habitude de la pensée opportuniste est une autre erreur de pensée qui favorise le développement de comportements antisociaux.

Pensée combative et rebelle — les caractères les plus perturbés, particulièrement les diverses personnalités agressives, ont tendance à considérer le monde comme une scène de combat. Ils voient la plupart des situations comme une compétition qu'ils doivent gagner. Ils dépensent mentalement beaucoup de temps et d’énergie à se préparer pour les batailles qu’ils veulent faire et pour les positions qu'ils veulent prendre, en contradiction avec ce que la société attend d’eux. Dès le premier instant où ils croient que quelqu'un veut quelque chose de leur part, ils commencent à réfléchir à la façon dont ils pourront éviter de répondre à leur demande. Les personnalités agressives sont toujours en train de réfléchir sur les moyens de se battre, même quand il serait beaucoup plus approprié ou dans leur intérêt de coopérer. Ils détestent tellement l'idée de reculer, de faire des concessions ou de laisser la place, que même lorsqu'il serait avantageux pour eux de le faire, leur pensée est dominée par la combativité et l’inflexibilité. l’esprit combatif habituel favorise les attitudes inutilement hostiles, conflictuelles et provocatrices. Beaucoup de relations ont été détruites par la position « ma voie sinon rien » que prennent certains caractères dérangés.

Pensée inébranlable — Les caractères perturbés ne permettent pas à l'adversité de les amener à remettre en question leurs façons de voir ou de se comporter. Même si la plupart des problèmes qu'ils ont sont les conséquences naturelles et logiques de leurs attitudes dysfonctionnelles et de leurs comportements, ils arrivent rarement à comprendre la raison de leurs problèmes de cette manière. Au contraire, ils sont fiers de leur détermination à continuer à faire les choses comme ils le veulent, quel les qu’en soient les conséquences. Si une relation s'écroule, ils blâment simplement l'autre personne et passent à autre chose. S’ils ont des embrouilles avec la justice, ils en accusent le « système corrompu » et deviennent encore plus déterminés à le détruire. Ils ne se laissent pas atteindre par la pensée qu’il y a peut-être quelque chose dans leur façon de voir et d’aborder les épreuves de la vie qui a besoin d’être corrigé. Au lieu de cela, ils se cantonnent dans leurs points de vue et durcissent leur position, malgré toutes les preuves objectives que leur attitude est inappropriée. Leur mode habituel de pensée inébranlable est cause de comportements agressifs et d’entêtement.

Les individus déséquilibrés pensent qu'ils ne devraient pas avoir à faire quoi que ce soit s'ils ne veulent pas le faire. Ils veulent vivre avec leurs propres règles. Ils comprennent très bien les règles avec lesquelles la plupart des gens pense que nous devrions tous vivre. Et ils feront ce que d'autres veulent ou s'attendent à ce qu’ils fassent, mais seulement s'ils sont d’accord. Ils ne soumettent jamais vraiment leurs volontés à une autorité supérieure. Samenow remarque à quel point certains caractères déséquilibrés ont un profond dégoût des obligations et aucun véritable sens du devoir. la pensée rebelle par habitude génère les attitudes d’opposition du caractère déséquilibré, le mépris de l'autorité et le refus de reconnaître ou d'accepter toute obligation.

Pensée sans honte — En général les caractères perturbés ont une compréhension déficiente de la honte. Ils ne pensent presque jamais que l’une de leurs actions pourrait refléter négativement le genre de personnage qu'ils sont. C'est un point important. Une caractéristique clé des individus les plus déséquilibrés est que souvent ils ne s’occupent pas assez ni ne pensent suffisamment à tenir compte de l’impact de leurs modes de comportement sur leur caractère. De plus, lorsque les individus perturbés s’aperçoivent manifestement que quelqu'un les juge de manière négative, au lieu d'avoir un sentiment de honte, ils se mettent en mode d'impression-contrôle ; ils tentent de convaincre l’autre personne que c’est elle qui a un problème.

Certains des individus les plus gravement perturbés peuvent même considérer qu’ils méritent le respect s’ils ne sont pas affectés par les opinions d'autrui. Ils s’accrochent aux images grandioses et peu réalistes qu’ils ont d’eux-mêmes, malgré un bilan de dévastation dans les vies de ceux avec qui ils travaillent ou vivent. Au fil du temps, leur pensée sans honte favorise le développement d'une attitude particulièrement effrontée.

Pensée sans culpabilité — Une conscience immature ou déficiente est un élément caractéristique du caractère perturbé. Par conséquent, ces caractères ont peu de possibilité de faire une expérience de réelle culpabilité à propos d’actions ou de prévisions d’actions qui nuisent à d'autres. Quand ils pensent à faire quelque chose, les caractères perturbés considèrent rarement que leurs actions pourraient avoir une incidence sur d'autres ou éventuellement transgresser les limites éthiques ou morales. Dans la mesure où ils auraient au moins une certaine conscience rudimentaire, ils sont capables de bloquer rapidement et efficacement les pensées relatives au bien et au mal, quand ils envisagent sérieusement d’obtenir quelque chose qu'ils veulent. Ne se préoccupant pas suffisamment de la façon dont leur comportement peut influer sur quelqu'un d'autre, ils ne s’embarrassent pas de considérations sur le bien ou le mal dans leurs processus de pensée. Ils peuvent très bien savoir que d'autres verront que leur comportement est mauvais, mais ils peuvent encore faire des excuses et « justifier » leurs actes fautifs avec facilité. Au fil du temps, cette façon de penser sans culpabilité favorise une attitude généralisée d'irresponsabilité sociale.

Pensée de circonstance
— Les caractères perturbés aiment croire que les choses dans la vie «arrivent simplement» à eux ou aux autres. Ils n'aiment pas penser en termes de cause et d’effet au niveau des relations en rapport avec les décisions que les gens prennent pour gérer leur vie. Ainsi, lorsque des gens au caractère sain parviennent à être assez riches, l’individu envieux, perturbé, attribue leur chance au «hasard». Et lorsque les conséquences de sa propre conduite irresponsable tombent sur le caractère perturbé, il les attribue à « juste l’une de ces choses, » le système corrompu ou les motivations malsaines des autres. Les caractères perturbés n'aiment pas mettre l'accent sur le fait que le comportement a des conséquences, et ils n'apprécient certainement pas d'examiner leurs propres motivations. Dans l'esprit du caractère perturbé, « - la mouise - arrive. »[ "-shite- happens." ] Parmi les personnalités criminelles, il y a un acronyme: « OTLTA » (One Thing Led To Another). Elle reflète leur protestation commune comme quoi une chose a simplement conduit à une autre, à chaque fois que leurs motivations pour avoir commis des actes criminels sont contestées. Ces déclarations révèlent qu'ils ne donnent pas beaucoup d'importance à la série de choix qu'ils ont fait, mais qu’ils voient plutôt leur comportement et ses conséquences comme le résultat inévitable d'une boule de neige roulant hors de contrôle, et devenant trop grosse pour pouvoir l’arrêter.

Il existe en effet des circonstances où le destin joue un rôle primordial dans la vie. Parfois, les choses arrivent simplement. Les tornades, les inondations, les tremblements de terre se produisent sans avertissement. Mais de tels événements arrivent rarement. Les personnes responsables savent que, pour l'essentiel, quand il s'agit des grandes questions de la vie, les circonstances sont façonnées par les choix que font une personne. Porter son attention sur ces choix, en prenant soin de faire le meilleur choix possible indépendamment des circonstances, est typique d’un caractère sain.

La pensée de circonstance revient à ne pas penser à ses motivations pour décider de ses comportements, à son processus interne de prise de décision, et aux conséquences de ses choix, mais à la place de se dire que les choses se produisent tout simplement. C'est l'erreur de pensée qui est la cause première du développement d'une attitude socialement irresponsable.
 
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